Citations de lectures

"Il n'y a pas d'histoire de France. Il n'y a qu'une histoire de l'Europe." Marc Bloch
"Il n'y a pas d'histoire de l'Europe, il y a une histoire du monde." Fernand Braudel

Civilisation : "Ce qui, à travers des séries d'économies, des séries de sociétés, persiste à vivre en ne se laissant qu'à peine et peu à peu infléchir." Fernand Braudel

mercredi 8 février 2012

La journée du guetteur de Gaochang


This short piece of writing was written in January 2012. It is an essay for the course in Ancient History and Society (Histoire et société du monde chinois ancien) at the Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) where I am doing a second year undergraduate course in Chinese language and civilisation.The instructor was Penelope Riboud. We were lucky to be a small group and it has been one of the most instructive classes I took last semester. Mrs. Riboud also invited Professor Etienne de La Vaissière to give a lecture on Turfan. From his lecture I got the inspiration to write this piece. He also kindly answered to an email requesting bibliographical details on Turfan at the beginning of the Tang dynasty.

This is a piece of fiction I tried to ground in historical facts. We were supposed to take an individual from ancient Chinese history and explore its life from a socio-historical perspective over a certain span of time.

In many ways it is unsatisfactory. First I think it could have been better written : I acted both as a historian and a writer. Secondly it is too short. It is too short because I could not get in time the translation of the relevant passage of the Beishi [北史, Chronicles from the North] and because I could not gain access in time to a number of books that were relevant to my subject (huge and not uncommon feeling of loneliness of the researcher who discovers that the only book in the National Library (BNF) he needs is being restored since September).

Cours d’histoire et société du monde chinois ancien :

La journée du guetteur qui causa la mort du roi de Gaochang.

De peur et de surprise, le guetteur Chang écarquille les yeux, un messager à une heure si matinale ne peut être porteur que de nouvelles alarmantes. Il se frotte les paupières et examine à nouveau le cavalier qui s’avance à vive allure, fouettant de toutes ses forces le petit cheval qu’il a pour monture.
Le guetteur Chang est responsable de la garde de l’est de la ville de Gaochang. Du haut de sa tour, il dispose d’une vue d’aigle sur tous les points de l’espace. Au nord, les Monts du ciel, dont la cime perpétuellement enneigée commence tout juste à s’illuminer sous l’effet du soleil matinal. De ces hauteurs vient l’eau qui est à l’origine de l’existence et de la richesse de ce petit royaume de Gaochang où vivent 37000 habitants sur un espace mesurant 300 li d’est en ouest et 500 li du nord au sud [1]. L’eau coule en torrents depuis les montagnes au nord jusque dans le désert, irriguant au passage les oasis de la région. Pays au sol de pierre, perpétuellement soumis à la chaleur venue du soleil, pays dépourvu de toute ondée bienfaisante, pays pourtant très fertile grâce au don de l’eau des Monts du ciel. Au delà des montagnes du nord, c’est la steppe, où se trouve la puissance turque, avec laquelle le royaume de Gaochang a toujours dû compter. A l’ouest se trouvent le bassin du Tarim et les passes à travers les Monts du ciel, c’est de là que viennent les caravanes. Celles-ci se font moins nombreuses depuis que le roi a interdit le passage à l’est. Le guetteur Chang se souvient de l’époque où les caravanes passaient en grand nombre à Gaochang. Elles venaient d’aussi loin que Samarkand à l’ouest et que Chang'an à l’est. A cette époque le marché de Gaochang regorgeait de marchandises variées : chevaux, esclaves, soieries, chanvre, taffetas, épices et parfums de toutes sortes et enfin armes. Chang avait alors, après une longue négociation avec un marchand de Sogdiane, payé 800 sapèques le sabre en acier qu’il porte fièrement à son côté [2]. En cette seizième année du règne de la Longévité [3], le marché de Gaochang n’a pas cessé son activité [4], mais celle-ci a diminué. Des caravanes passent par Gaochang pour aller vers le nord, vers l’ouest ou vers le sud ouest, mais la route vers l’empire Tang est fermée, verrouillée solidement. Deux ans auparavant, Qu Wentai, le souverain bien-aimé du royaume chinois de Gaochang, issu de l’ancienne famille des Liang du Gansu, de l’avis de beaucoup un pieux bouddhiste et fin politicien, a décidé de rompre avec tous les usages du passé et coupé la route aux caravanes allant vers l’empire du Tang.
Le guetteur Chang se demande comment il va annoncer la nouvelle qu’il suppose très préoccupante. Membre du clan de la reine, il a été relégué à la porte de l’est pour avoir partagé avec le roi ses craintes de l’approche par le désert de Taklamakan des armées Tang. Il a été écarté du poste de conseiller du roi parce qu’il craint la revanche de l’empire Tang et qu’il s’est opposé à l’abandon de l’enseignement des livres classiques chinois [5]. Le roi Qu est passé en quelques années d’une admiration pour tout ce qui venait de l’empire à une aversion presque maladive vis-à-vis de la Chine. Ce revirement de politique est inexplicable et malheureux aux yeux de Chang, après tout l’empereur des Tang a accueilli le roi Qu et son épouse à Chang'an dix ans auparavant en grande pompe. Mais c’est l’influence du Kahn des Turcs de l’ouest, nouvelle puissance dominante de la steppe qui a poussé le roi à défier l’empire [6]. Et le roi a fanfaronné à plusieurs reprises sur l’impossibilité pour une armée constituée de franchir le désert.
Le guetteur Chang a servi le roi Qu fidèlement et intelligemment pendant vingt ans. Onze ans auparavant, il avait assisté à l’arrivée du maître bouddhiste Xuanzang, à une époque où l’on attendait avec impatience tout ce qui provenait de l’est, puisque le grand Tang n’était point l’ennemi. Le roi Qu avait alors accueilli personnellement et avec de grandes marques de déférence cet illustre maître, il avait même cherché par tous les moyens à le retenir, à lui faire renoncer au voyage occidental vers le pays de Bouddha qu’il avait entrepris pour retrouver les écritures originales. Qu Wentai avait mis son royaume aux pieds de Xuanzang pour que les maîtres bouddhistes du royaume et leurs disciples puissent recevoir son enseignement. Le guetteur Chang se souvient encore de la déconfiture de son maître lorsque Xuanzang avait entrepris de ne plus se nourrir ni s’abreuver jusqu’à ce qu’on le laisse partir. Et il était finalement parti, comblé de biens par le roi et doté de lettres d’introduction auprès de tous les potentats de l’ouest et surtout auprès du Khan. Il avait promis qu’à son retour, il enseignerait trois ans durant à Gaochang [7]. Depuis tous les guetteurs de l’ouest du royaume restaient attentifs au moindre signe, à la moindre nouvelle venant de l’ouest ou du nord. De son côté, le guetteur de la porte de l’est n’avait rien à attendre, du moins officiellement, et son devoir était de scruter en vain le vide de ce désert désormais interdit. S’il ne guettait plus le désert que par habitude, il lui restait néanmoins la tâche d’empêcher toute sortie illicite.
Le messager parvient enfin à la porte. Le guetteur en ordonne aussitôt l’ouverture et descend de la tour en toute hâte pour l’accueillir. Il le dévisage avec soin un instant. Il connaît le jeune homme de longue date pour l’avoir recommandé à ce poste de coursier rapide des postes. Petit, trapu et infatigable, portant la barbe fournie des Hu, Kang Mozhi [8] commença son rapport en parlant à toute vitesse dans la langue du pays. Des éclaireurs chinois avaient été repérés à plusieurs reprises au début de la nuit passée à proximité de la frontière. Le chef de la commanderie de Pili [9] avait aussitôt envoyé ses propres éclaireurs qui n’eurent pas beaucoup de chemin à faire avant de rencontrer les troupes du général Hou [10].
L’armée des Tang est finalement arrivée. Pili doit déjà être assiégée à cette heure. Fin connaisseur du désert, le général Hou a donc relevé le défi posé par Gaochang. Accompagné du messager, le guetteur saute à cheval et pique en direction du palais, situé au nord de la ville, il se fait ouvrir les portes de la demeure royale et annoncer auprès du roi encore endormi. Celui-ci s’éveille, se leva et fit admettre le guetteur de la porte et le messager l’accompagnant. Chang fait répéter la nouvelle au roi. Celui-ci pâlit, porte la main à sa poitrine, vacille, fait une grimace de douleur, tourne sur lui-même en suffoquant et s’effondre dans les bras de ses valets [11].
Voici comment le roi de Gaochang mourut de peur.





Notes
[1] Zhang Guangda, « Kocho (Kao-Ch’ang) » in History of civilizations of Central Asia Volume III The crossroads of civilizations : A.D. 250 to 750, Litvinsky, B. A. (dir.), UNESCO Publishing, 1996, pp.303-314.
[2] La description du marché et l’estimation du prix proposée ici procède d’une extrapolation qui utilise la traduction fournie dans Eric Trombert et Etienne de la Vaissière, « Le prix des denrées sur le marché de Turfan en 743 », in J-P. Drège (dir.), Etudes de Dunhuang et Turfan, Droz, 2007, pp. 9-27.
[3] 640 de l’ère chrétienne correspond à la seizième année du règne 延壽, Yanshou, mais c’est en fait la vingtième année du règne du roi Qu Wentai, cf. Valerie Hansen, « Introduction : Turfan as a Silk Road Community », in Asia Major, Third Series, part 2, 1998, pp. 1-12.
[4] Etienne de la Vaissière et Eric Trombert, « Des Chinois et des Hu, Migrations et intégration des Iraniens orientaux en milieu chinois durant le haut Moyen Âge », Annales Histoires et Sciences Sociales, septembre-décembre 2004, n°5-6, p. 936. Mentionne la vente d’un esclave par un marchand sogdien au moine Yansyan en 639.
[5] Chang est le nom d’une des grandes familles du royaume de Gaochang, voir : Zhang Guangda, « Kocho (Kao-Ch’ang) » in History of civilizations of Central Asia Volume III The crossroads of civilizations : A.D. 250 to 750, Litvinsky, B. A. (dir.), UNESCO Publishing, 1996, pp.303-314. Les autres familles sont les Fan, les Yin, les Ma, les Shi et les Xin. Ces familles contrôlent l’administration, entretiennent le systèmes d’irrigation, possèdent des moulins et des troupeaux.
[6] in Denis Twitchett et John K. Fairbank, (dir.), The Cambridge History of China, Volume 3 Sui and T’ang China, 589-906, Part I, Cambridge University Press, Cambridge, 1979, pp. 219-228.
[7] Hui Li, The Life of Hiuen-Tsiang, Scholar, Saint and Pilgrim, traduit par Samuel Beal, Trubner and Company, London and Portland, 2003, pp. 24-34.
[8] Nom sogdien pris dans Etienne de la Vaissière, Histoire des marchands sogdiens, Collège de France, Institut des hautes études chinoises, Paris, 2002, p. 140.
[9] Dans la traduction de la vie de Xuanzang, Pi-li est la ville par laquelle le moine bouddhiste Xuanzang entre dans Gaochang. Voir : Hui Li, The Life of Hiuen-Tsiang, Scholar, Saint and Pilgrim, traduit par Samuel Beal, Trubner and Company, London and Portland, 2003, p. 25.
[10] in Denis Twitchett et John K. Fairbank, (dir.), The Cambridge History of China, Volume 3 Sui and T’ang China, 589-906, Part I, Cambridge University Press, Cambridge, 1979, pp. 219-228.
[11] Idem.




Bibliographie
DE LA VAISSIERE, Etienne et TROMBERT, Eric, « Des Chinois et des Hu, Migrations et intégration des Iraniens orientaux en milieu chinois durant le haut Moyen Âge », Annales Histoires et Sciences Sociales, septembre-décembre 2004, n°5-6, pp. 931-969. [Document téléchargé depuis www.cairn.info le 20/12/2011]
DE LA VAISSIERE, Etienne, Histoire des marchands sogdiens, Collège de France, Institut des hautes études chinoises, Paris, 2002, 413 p.
HANSEN, Valerie, « Introduction : Turfan as a Silk Road Community », in Asia Major, Third Series, volume 11, part. 2, 1998 [publié en mars 2000], pp. 1-12.
HUI Li, The Life of Hiuen-Tsiang, Scholar, Saint and Pilgrim, traduit par Samuel Beal, Trubner and Company, London and Portland, 2003, 218 p.
TROMBERT, Eric et DE LA VAISSIERE, Etienne, « Le prix des denrées sur le marché de Turfan en 743 », in J-P. Drège (ed.), Etudes de Dunhuang et Turfan, Droz, 2007, pp. 1-52.
TWITCHETT, Denis et FAIRBANK, John K. (dir.), The Cambridge History of China, Volume 3 Sui and T’ang China, 589-906, Part I, Cambridge University Press, Cambridge, 1979, 850 p.
ZHANG, Guangda, «Kocho (Kao-Ch’ang) » in : History of civilizations of Central Asia Volume III The crossroads of civilizations : A.D. 250 to 750, Litvinsky, B. A. (dir.), UNESCO Publishing, 1996, p. 303-314

lundi 5 septembre 2011

Document d'archive: le règlement intérieur de l'école Pichon de Canton entre 1901 et 1904


Archives du Ministère des Affaires Etrangères, La Courneuve. Correspondance politique et commerciale, Nouvelle série Dossier 304, Ecole Française de Canton, p. 68. Copie imprimée du règlement de l'Ecole Pichon de Canton, en pièce jointe à la lettre n°71 du Consul de France à Canton, Gaston Kahn à Théophile Delcassé, Ministre des Affaires Etrangères; datée Canton, le 26 novembre 1904; reçue le 31 décembre 1904.

Annexe n°1 à la dépêche politique n°19

Ecole Pichon

Canton

Le Gouvernement Français a établi cette école pour les chinois désireux d’apprendre le français et les sciences étrangères.

L’école est située sur le terrain de l’ancien Consulat de France, et réunit admirablement toutes les conditions désirables pour la tranquillité des études et la santé des élèves.

Le Gouvernement Français a lui-même choisi la Société des professeurs qui enseigne dans cette école. Pour commencer, la Société a envoyé trois professeurs. L’un d’eux est Directeur de l’école, et c’est à lui que les demandes d’admission doivent être faites.

Tout élève admis reçoit une copie du présent Règlement de l’école. Il inscrit ses noms, son âge et son adresse dans la déclaration qui suit le Règlement, et il remet la copie au Directeur.

Règlement de l’école

1°- Les classes ouvrent vers le 16e jour de la 1ere lune.

La 6e et la 7e lunes sont deux mois de vacances.

Les cours reprennent vers le 1er de la 8e lune, et durent jusqu’au 20 de la 12e lune.

2°- Chaque semaine, le dimanche et le jeudi sont des jours de vacances. En outre, les principales fêtes chinoises et françaises forment, chaque année, un total d’environ 15 jours de congé.

Les vacances étant assez nombreuses, les élèves sont instamment priés de ne pas s’absenter les jours de classe sans raison majeure. Les absences sont soumises aux règles suivantes :

3°- Toutes les absences doivent être autorisées par le Directeur ou le professeur.

4°- Pour les élèves au dessous de 20 ans, l’autorisation doit être demandée par les parents, de vive voix ou par lettre mise à la poste. A défaut des parents, celui qui a présenté l’élève à son admission expliquera la demande. Alors l’autorisation sera accordée sans aucuns frais.

5°- Les élèves au dessus de 20 ans pourront parler pour eux-mêmes. Dans ce cas le professeur accordera ou refusera l’autorisation selon l’importance des études du jour. Quand l’autorisation est accordée, l’élève paye une taxe de 20 sous les jours ordinaires et 50 sous les jours d’examen ou de composition. – Il y a examen ordinaire chaque mois, et un examen extraordinaire tous les six mois. – Il y a généralement une composition chaque semaine.

6°- Toute absence non autorisée dénote de la part de l’élève un manque de politesse envers le Directeur et le professeur. Cette faute est punie comme il suit : La 1ere fois, amende de 25 sous ; la 2e fois, amende de 50 sous ; la 3e fois, de $1,00. A la 4e fois, le Directeur peut renvoyer l’élève, mais si le professeur intercède, et si l’élève promet de se corriger, celui-ci pourra continuer ses études, mais il sera puni d’une amande de deux piastres.

Note - 1° Une absence durant un demi-jour est considérée comme une absence d’un jour.

- 2° Une absence de trois jours consécutifs, sans autorisation, est considérée comme sortie de l’école.

7°- Les élèves doivent s’efforcer non seulement d’être assidus à l’école, mais encore d’être ponctuels, c.-à-d. de ne pas arriver en retard.

L’école fonctionne le matin de 9 h. ½ à 11h. ½, le soir de 1h. ½ à 4 h.

8°- En classe, les élèves ne fument pas, et toute sortie de la salle doit être autorisée par le professeur.

9°- En classe, les élèves sont autorisés à boire du thé. Pour cela, ils s’entendent avec un domestique à qui ils donnent chacun 5 sous par mois.

10°- Les salles de classes, le préau et une cour de 6 à 7 mao sont les seuls endroits où les élèves sont autorisés à séjourner. Partout ailleurs, ils doivent être accompagnés par un professeur désigné par le Directeur.

11°- Les élèves payent une rétribution scolaire de deux piastres par mois. Cette rétribution doit être payée à l’avance, au plus tard le 4e jour de la lune.

Un élève absent sans autorisation le 4e jour de la lune, sans avoir payé la rétribution, est considéré comme sorti de l’école.

Un élève qui quitte l’école avant la fin du mois, ne peut réclamer aucune fraction de sa rétribution déjà payée.

12°- Les élèves payent comptant et sans marchander les fournitures de classe qu’ils achètent à l’école.

13°- Les règles qui concernent la bonne conduite des élèves envers leurs maîtres sont connues de tout chinois bien élevé. Il est inutile de les donner ici, car tous les élèves appartiennent à des familles recommandables.

14°- On recommande particulièrement aux élèves une grande propreté, non seulement de corps et d’habits, mais encore de manières. Ils ne doivent pas se moucher ni cracher d’une manière dégoûtante, ni salir les tables, les murs, etc.

15°- Il est expressément défendu d’écrire sur les murs et les boiseries, en classe ou ailleurs.

Enfin les professeurs ont confiance que les élèves se signaleront toujours par leur bonne conduite, leur assiduité et leurs progrès, et feront ainsi l’honneur, non seulement de leurs Maîtres, mais encore de la Chine et de la France.

Le Directeur :

F. Marie-Julien

Déclaration du Candidat.

Je …… âgé de …… ans, demeurant à …….. admis à l’école Pichon sous le nom de …….. le ……… de la ………lune, déclare accepter toutes les règles de l’école, et promets de m’y conformer.

Signature :

Une version chinoise de ce règlement existe également.

mardi 28 juin 2011

OCR

OCR or Optical Character Recognition.

Conference in Paris in September about that: http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/auditoriums/f.impact_110919.html?seance=1223906277630

dimanche 26 juin 2011

Some online resources for my dissertation

Periodicals:

Collectanae Commissionis Synodalis ou 公教教育刊 (1st volume only: May 1928).
公教婦女季刊 (March 1934 - June 1939, quarterly, 22 issues).
廣州市政公報 (May 1940-November 1943, monthly, 43 issues).
教育研究 (1928-1948, monthly, 110 issues with 12 pairs).
Les Missions catholiques : bulletin hebdomadaire de l'Oeuvre de la propagation de la foi (1868-1932, weekly, 68 issues).
聖教雜誌 (Revue catholique, 1912-1938, monthly, 312 issues).
中華公教青年季刊 (1929-1930, quarterly, 5 issues, blurred except for photos and therefore somewhat less useful).

Observations: most of these are provided by National Library of China, National Digital Library. Usually the index of each issue is provided. The problem is that there is no way to search all the indexes of a whole periodical, each time one must click on the issue and then only is the index available (and then ctrl+f does not work). The journal provided by the Bibliothèque Nationale de France is not without inconvenience either: some issues did not go through OCR (Optical Character Recognition) and they are not even indexed, some are only indexed, which leads to the same observation as for the NLC, some went through a full OCR process though not very satisfactorliy.

Historians do not care about the quantity of data provided if the ways to navigate through it is too time-consuming.

Other sources of articles that are collected around a main theme:
The website by Baptist University of Hong Kong on how Christians fared in the transition towards Communism : Christianity in Contemporary China Clipping Database
The Hong Kong Catholic Diocese Memorial page, listing every deceased member of the clergy and religious orders who worked in Hong Kong from the beginning.

These databases are the ultimate tools for historians because they are built for the purpose of historical or memorial enterprises. The first website is only a catalogue and does not provide with the actual documents.

Online resources of a somewhat lesser value:


Official summaries and websites:
http://www.gzzxws.gov.cn/gzws/gzws/ml/52/200809/t20080916_7823.htm
http://3ms.gzyxedu.net/
http://fangzhi.chinacath.org/: this website is of particular interest to get a rather brief Chinese point of view on the Catholic history of each locality in Guangdong and therefore in the Catholic territory under the jurisdiction of Guangzhou which is the core of my interest. It can be inaccurate.

Wikipedia, hudong, and a blog:
http://zh.wikipedia.org/wiki/%E5%B9%BF%E5%B7%9E%E5%B8%82%E7%AC%AC%E4%B8%89%E4%B8%AD%E5%AD%A6
http://www.hudong.com/wiki/%E6%98%8E%E5%BE%B7%E5%A5%B3%E4%B8%AD
http://hi.baidu.com/shisong109/blog/item/cd76290e2941eef037d1226b.html

Note: my small knowledge of Chinese does not allow me to evaluate correctly the accuracy of these references. So I would suggest to handle these with great caution.

vendredi 24 juin 2011

Document d'archive: le premier règlement de l'école Pichon.

Archives du Ministère des Affaires Etrangères, La Courneuve.
Correspondance politique et commerciale, Nouvelle série
Dossier 303, Ecole Française de Canton, p180-181.
Copie du règlement de l'Ecole Pichon de Canton, en pièce jointe à la lettre
no 71 du Consul de France à Canton, Charles Hardouin à Théophile Delcassé, Ministre des Affaires Etrangères; daté Canton, le 28 Septembre 1901 ; reçu le 7 Novembre 1901 ; concernant l’Ecole Pichon de Canton inaugurée le 13 septembre 1901.

Ecole Pichon

Règlement

Art. I. Il est crée à Canton une Ecole pour l’enseignement du français, qui portera le nom d’Ecole Pichon.

Cette Ecole est ouverte à tous les indigènes, sans distinction de religion.

Art. II. L’Ecole sera installée dans les bâtiments du Yamen de la Trésorerie appartenant à la France.

La Direction sera confiée aux frères de la Congrégation des petits frères de Marie, elle sera administrée par un Conseil d’administration ainsi composé :

Le Consul de France à Canton ou son délégué, Président

Le Vicaire apostolique ou son délégué

Le Frère Visiteur ou son délégué.

Art. III. Il y aura trois classes dans l’Ecole et le nombre des élèves sera au maximum de 20 à 25 par classe.

Art. IV. Les cours auront lieu tous les jours à l’exception du dimanche et jours de fête de 9h1/2 à 11h1/2 le matin, et le soir de 1h1/2 à 4h1/2.

Art. V. Les vacances seront de deux semaines au jour de l’an chinois, deux semaines à Pâques, et, en été, du 1e juillet au 1e septembre. Le Consul de France, le Vicaire apostolique et le Frère Visiteur pourront accorder, quand ils le jugeront convenable, des jours de congé supplémentaires.

Art. VI. Les élèves qui en feront la demande seront admis directement par les frères sans distinction de religion.

Art. VII. L’exclusion des élèves sera prononcée directement par le Conseil d’administration ou le Consul de France sur la proposition des professeurs.

Pour les cas graves, les Frères pourront directement renvoyer un élève en avisant le Consul.

Art. VIII. La rétribution scolaire est fixée à une piastre par mois, payable chaque mois et d’avance. Chaque élève, d’ailleurs devra avoir, autant que possible, un répondant chinois tant pour le paiement de l’indemnité scolaire que pour les livres mis à son usage.

Art. IX. La rétribution ci-dessus fixée est due en principe par tous les élèves fréquentant l’Ecole. Toutefois, ceux d’entr’eux, orphelins ou appartenant à des familles peu aisées pourront sur la proposition de l’un des membres du Conseil d’administration et après avis de ce Conseil, être exonérés de tout ou partie de la rétribution scolaire.

Art. X. Le mois versé restera acquis à l’Ecole pour tout élève renvoyé pour paresse, inconduite ou parti volontairement.

Art. XI. Les fournitures classiques, livres, papier, plumes, encre, etc. seront à la charge de l’élève.

Art. XII. Chaque semestre, les Frères professeurs adresseront au Consul, pour être soumis au Conseil d’administration de l’Ecole, un rapport sur les progrès des élèves, avec les propositions qu’ils jugeront utiles de présenter pour le développement de l’enseignement et la prospérité de l’Ecole.

Art. XIII. Le Conseil d’administration sera convoqué tous les trois mois par le Consul de France, et quand la majorité de ses membres le demandera.

Au dernier trimestre de l’année, le Consul arrêtera avec lui le budget de l’exercice suivant et présentera à son approbation dans le courant du premier mois de l’année suivante les comptes de l’exercice clos.


vendredi 18 février 2011

La mixité dans l'éducation

Compte-rendu de lecture: Rogers, Rebecca (dir.) La mixité dans l'éducation : enjeux passés et présents. Lyon : ENS Éd, 2004. 238 p.


La plupart des sociétés occidentales vivent la mixité des sexes dans l’éducation comme un fait à peu près évident depuis sa généralisation dans les années 1960. Ce n’est que récemment que l’émergence d’autre réalités, comme la violence à l’école, ou une plus grande circulation des chercheurs entre les pays a conduit à la naissance d’un débat sur ce qu’est la mixité, parfois aussi appelée coéducation dans d’autres traditions nationales, et surtout sur sa contribution à l’égalité des sexes, objectif théorique et pratique des sociétés démocratiques contemporaines. Fruit d’un colloque ayant eu lieu à l’université Marc Bloch de Strasbourg, La mixité dans l’éducation, est un ouvrage collectif dirigé par l’historienne de l’éducation américaine Rébecca Rogers. Il porte sur différentes traditions nationales et part d’une approche largement pluridisciplinaire avec l’ambition de donner un cadre historique et sociologique solide au débat sur la mixité dans l’éducation. Celle-ci se définit très concrètement comme éducation en commun, dans la même salle de classe et avec des standard éducatifs identiques quel que soit le genre, lequel se définit à la fois comme sexe social et comme le produit d’un rapport de domination construit entre les sexes.

L’ouvrage est divisé en quatre parties et encadré par une préface et une postface. La première partie met en place le cadre conceptuel, les trois parties suivantes s’intéressent à l’enseignement supérieur, à l’enseignement secondaire et enfin au monde professionnel. Au cœur de sa préface, Geneviève Fraisse pose l’enjeu du débat : la légitimité de la mixité n’est pas en question, mais ce qui est en question, c’est l’ampleur de sa contribution à l’objectif d’égalité des sexes et donc à la démocratisation. La mixité dans l’éducation est conçue comme un moyen parmi d’autres (comme la parité) pour atteindre cet objectif.

Par la suite, dans une première partie, Rebecca Rogers et Michelle Zancarini-Fournelle, historiennes, posent les questions fondamentales du débat et en définissent les termes principaux. Dans cette partie introductive, le débat est soigneusement placé dans le contexte des études sur le genre, fortement développées aux Etats-Unis (avec la référence canonique à l’article de Joan Scott de 1986 dans l’American Historical Review) mais également vivace en Europe et en France (référence aux travaux de la sociologue Danièle Kergoat). Les débats en cours sur la mixité ne peuvent se passer d’un éclairage universitaire interdisciplinaire qui lui fournisse des bases solides. Cet ouvrage repose sur une compréhension complexe de l’interaction entre éducation et société, prenant en compte de multiples facteurs qui font qu’une mesure aussi révolutionnaire en son genre que l’introduction de la mixité dans les lieux d’enseignement n’a pas forcément l’effet escompté. Le chapitre de Michelle Zacarini-Fournelle s’intéresse plus précisément aux catégories utilisées par, et débattues au sein de l’Éducation nationale depuis 1882 jusqu’à 1976. La coexistence des filles et des garçons est une pratique en réalité très ancienne dans l’école en France. Le débat commence réellement sur la coéducation des sexes au XIXe siècle, puis se poursuit après 1918 avec l’introduction de l’idée de la gémination (enseignement au primaire par classes d’âges et non selon les sexes), pour finalement prendre en compte la notion de mixité très tardivement, longuement après son application effective, pour des raisons principalement budgétaires dans un contexte de massification de l’enseignement.

La seconde partie (Natalia Tikhonov, Christine Myers, Nathalie Hilleweck, Elke Kleinau) se concentre sur la mise en place de la mixité dans l’enseignement supérieur en Suisse, en Ecosse, dans l’université allemande et dans la recherche scientifique allemande. Pour le cas de la Suisse après les années 1860, pionnière paradoxale en la matière, le rôle des étrangères (russes en particulier) est fondamental. Ce cas montre aussi que la formation de haut niveau ne donne pas un accès égal aux professions. L’étude du Queen Margaret College et de son rattachement à l’université de Glasgow en 1892, enrichie par une étude de caricatures, montre la complexité du problème de l’introduction de la mixité dans l’enseignement supérieur écossais. Christine Myers fait une micro-histoire de l’entrée des femmes dans l’enseignement supérieur, étant très attentive aux conditions socio-économiques, aux représentations, à la balance entre les sexes, à la question matrimoniale (soupçon assez systématique envers ces pionnières dans l’enseignement supérieur), etc. L’étude de l’introduction de la mixité dans l’université allemande, au travers du cas de l’université de Strasbourg, illustre le développement d’études similaires en Allemagne. Enfin l’étude par Elke Kleinau des femmes dans la recherche en sciences est un apport biographique précieux qui permet de mettre en lumière l’accès différentiel mis en place dans le système universitaire et de recherche allemand, la mixité modifiant les lignes mais ne réduisant pas l’inégalité et ne supprimant par les préjugés sur la moindre capacité supposée des femmes.

La troisième partie (par Rebecca Rogers, Marie-Jeanne Da Col Richert et Mineke van Essen) se penche sur l’enseignement secondaire, nœud de friction fondamental en matière de mixité. En la matière, les Pays-Bas sont les pionniers (1871). Les autres Etats d’Europe résistent parfois longtemps avant une généralisation dans les années 1960-70. Rebecca Rogers rend compte du cas français où la mixité est largement un impensé et où les normes masculines s’imposent dans et hors de l’école pour modeler le débat ou son absence. Des destinés conçues comme séparées impliquent une éducation sinon séparée, du moins différente. Le chapitre de M-J. Da Col Richert est consacré à l’Irlande, pays où l’influence de l’église catholique bloque longtemps le débat et l’application d’une mixité dans le système d’enseignement public. A des considérations de sexes, s’ajoutent des considérations sociales puisque avant les années 1960, le secondaire reste réservé à une élite. Enfin le chapitre de M. van Essen étudie le lieu unique de débat sur la mixité aux Pays-Bas : l’éducation physique, finalement rendue mixte dans les années 1980 sur fond de débat sur la féminité.

La dernière partie se concentre sur la mixité dans le monde professionnel. Marlaine Cacouault-Bitaud analyse la mise en place de la mixité au sein du personnel d’encadrement et d’enseignement dans l’Éducation nationale. Elle montre une sexuation des postes et des positions hiérarchiques. Cette contribution est précieuse car elle met en évidence l’importance d’analyser non seulement la mixité des élèves, mais aussi celle des autres acteurs de l’éducation. Roland Pfefferkorn analyse statistiquement les tendances sur le marché du travail, partant du constat de l’échec partiel de mesures politiques visant à promouvoir la mixité professionnelle, échec qui est attribué à l’idéal de remplacement des hommes proposé aux femmes, sans qu’un discours inverse soit développé. Enfin, Michèle Ferrand montre un effet paradoxal de l’introduction de la mixité à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm par la fusion avec celle de Sèvres, initialement réservée aux femmes, ayant produit des générations nourries de femmes scientifiques de haut niveau. Après la fusion, le nombre de femmes scientifiques chute dramatiquement. Pourtant le constat est également celui d’une plus grande liberté des femmes vis-à-vis de la définition sociale de la réussite. En contrepoint, la postface, par Sirid Metz-Göckel, analyse la mise en place d’une Université internationale des femmes en marge de l’exposition universelle de 2000, montrant le retour de l’idée d’une séparation des enseignements par la création d’un espace réservé.

Cette étude substantielle de la mixité dans l’éducation est une collection de contributions qui, de manière générale, prennent la mixité comme un acquis légitime indiscutable en principe. Seule la postface semble indiquer l’existence d’un espace non-mixte en faveur des femmes qui puisse être positif dans l’objectif d’égalité entre les genres. La pluralité dans ces contributions tient plutôt à la diversité des approches, des lieux et des niveaux étudiés. La variété des terrains et des instituts de recherche des contributeurs est également un facteur enrichissant, montrant la vivacité d’une recherche européenne sur le genre qui ne dépend pas du foisonnement américain, alors même que la contribution américaine est présente. C’est une étude qui tente d’intégrer le maximum de dimensions du problème de la mixité de l’éducation, dans son rapport avec le milieu social, les stratégies, l’inertie des institutions, l’influence des facteurs religieux et culturels. Même si le cœur de l’actualité du débat sur la mixité, lié à une intégration réellement ou prétendument difficile d’élèves issus de traditions religieuses différentes (caricaturé par la trop fameuse « question du voile »), n’est pas vraiment abordé, sauf dans l’article sur la mixité dans l’éducation physique aux Pays-Bas, c’est un ouvrage qui répond assez fidèlement aux objectifs proposés en introduction.


mercredi 26 janvier 2011

Digital history

Last year I was reading history as a graduate student in Oxford and I discovered there the many distinctive features of Oxford historical research and teaching. The size of the History Faculty seemed to make possible the coexistence of many different approaches to history; nonetheless, at the time I did not hear anything about digital history. Oxford University Computing Services (OUCS) provided us with training to cater with the wide variety of computing needs students may have while conducting research. Moreover, I had known of the existence of the Oxford Internet Institute, located just next to my college, but while making use of a reasonably large array of new technologies in my studies (I would typically be the only one using a laptop during tutorials or seminars, but those who attended were too polite to protest against the noise that stemmed from my compulsive typing habits), I never got to associate Digital and History. But, as I have recently discovered, it could have been otherwise: for some time now there has been a vivid debate among Oxford historians and librarians regarding digital history(but as happens there, a lot of fantastic things are going on without much advertisement about it, but one wouldn't want it the other way round).

Digital history can refer to three different things. First, the use of a minimal range of new technologies in the everyday work of historians: emails, online catalogs or word-processors. Secondly, the use of an extended range of new technologies aimed at an increasing productivity in almost every aspect of the historian’s work: finding primary and secondary sources, collecting, organizing, reading and analyzing data, online collaboration in writing and proofreading, and last but not least, publishing. Finally digital history can also offer a completely new approach to history that questions almost every aspect of what we historians do.

The core question here is the following: will there be a digital revolution which will transform history and the humanities as there has been, under rather different conditions, a printing press revolution that revolutionized scholarship?

We are going to study three possible versions of a digital history: when historians use technologies as a complement alongside other tools, when historians substitute all their tools with technological appliances and software and finally when the historians’ immersion in the digital world impacts and changes every aspect, and perhaps the very sense of their craft.

2. Basic computer literacy and its implications: after all we all do digital history

It seems that nowadays, every single member of the more or less formal corporation of historians cannot do without a basic digital toolkit. This toolkit is composed of three main items that answer three basic needs of historians: computerized library catalogues, word processor and emails.

Many libraries seem quite peculiar in so far as they witness the coexistence of old-school librarians, some of whom used to be compilers and copiers of very precise and beautifully penned cards, and a new generation of librarians who coolly consider the complete digitization of their holdings, followed by their complete or partial disposal. As time passes, the old generation tends to disappear, but also to adapt: in large institutions in Taiwan, Oxford, or France or in smaller libraries of religious studies institutions in France or in the United States, I have always been first directed towards a computerized catalogue. Even the most reluctant of historians can see the upside of doing a search by keywords, name or similar criteria. But even the most naïve of researchers would not be satisfied with the process: the ordering of indexes, their materiality and other things that were the fruit of the expertise of librarians were not following a mere logic of convenience but had an intellectual value (though it also needed to be taken cautiously) that cannot be easily replaced by the intricacies of Boolean logic, which is at the core of computer mathematics.

The second major item of the toolkit is the word processor. Using a word processor seems so natural that when some professors tell us that they had to spend quite important amounts of money on dactylographic services to hand-in their theses they seem to us almost prehistoric. But nowadays, a historian who would resist using a word-processor would have to find an alternative, and often costly, way of computerizing his writings. But we must think beyond mere financial considerations: after all a world-class historian could very well afford an assistant dedicated to this task. There is a technological gap between a type-writer and a word-processor that tremendously exceeds the gap between hand-writing and type-writing. I was amused and a bit shocked when discussing with a professor last year he told me that the major drawback about word-processor was that one can always go back on previously written pieces and amend them: it usually makes for more patchy and lengthy pieces, whereas the discipline imposed by the fact of the relative impossibility to amend a handwritten piece usually produced sharper writings.

Finally, emails seem to complete this trilogy of indispensables. Email is a means of communicating that replaces postal mails and, very often, phone calls. It allows for speed and reliability. The implications of using emails are so numerous and wide that they would demand a separate discussion. In the historian’s case, the basic functions of emails are to discuss problems, ask for information, settle practical issues and, more broadly, collaborate.

These three basic features of the digital age are inescapable for historians. And their implications are possibly less than benign. Willing or not, aware or not, every historian nowadays belongs to that digital culture that emphasizes speed and cheapness of search, duplication and communication. But that makes for a rather slim claim to the emergence of a digital history. Technology zealots go well beyond that basic trilogy and would envisage the emergence of a super-historian.

2. Digital history as a simple and yet powerful extension of an historian’s capabilities

Arguably, technologies can be applied to almost everything a historian does. To an outside observer, a historian does a number of things: searching for bibliographical references and archival material, collecting these items, analyzing the data they contain, writing, proof-reading and publishing. Digital history is understood as the application of new technologies to all these operations. In a way this depicts a historian who tries to use technology to facilitate his craft without changing anything about the way he or she understands it.

For digital historians, the web is characterized by both abundance and scarcity. When compiling a bibliography one can use many different websites like Google books (and scholar), websites of libraries or of bookshops. But it is unrealistic to assume that everything is on the Web, or ever will be. To collect and organize this type of data, bibliographical tools like Endnotes or Zotero allow for speed and a great amount of reliability. Zotero even allows for the addition of bibliographical items that are not indexed on the web. Abundance also characterizes the collection of data. An increasingly large amount of digitized books and scholarly articles is accessible for researchers. This accessibility often depends on library subscriptions, which creates abundance for ‘official’ historians and a relative scarcity for non-academic historians (except if they live in the vicinity of open world-class libraries). But this abundance can also be a trap if one decides to ignore undigitized materials. Primary sources are also increasingly available through campaigns of digitization. These campaigns are orchestrated by public or private institutions or even by individuals equipped with simple tools such as digital cameras or scanners. In data analysis, software are available that can dig inside texts, images and even sound and identify pertinent patterns or eliminate useless noise. These tools require of course a certain level of expertise and a close cooperation with computer experts, since most of them are not primarily designed for historians.

The emergence of a web of historians or for historians is not only about finding, collecting and analyzing data; it is also about collaborating with others and discussing issues in order to accelerate the process that leads to scholarly publishing. Sharing references, materials and unpublished papers as well as organizing publications and conferences can be facilitated by the use of the Internet.

What I have just imperfectly described means that historians can go on doing history the way they used to while only outwardly changing their habits. A geek-historian or a history-geek can also think in very traditional ways about core issues like professional history, evaluation standards, academic writing, etc. In this particular vision, digital history is a kind of opportunistic use of anything technology can do for historians without dedicating much thought to how this changes our mental structures, our reading habits, the quality of our writings, the depth of our analyses and the relationship with our audience.

3. Digital history as a new approach to what we do?

All that we have previously discussed is the encounter between historians and the increasingly technological culture in which they act. Historians usually spend quite some time thinking about the way they work; the irruption of new technologies into the humanities has become a topic of discussion among some historians, starting in the United States. Pioneers of digital history, like Roy Rozenzweig and Daniel Cohen, debate on issues related to new objects that emerge with the digital technology. Digital archives render accessible a wide variety of materials to a global audience that is not necessarily expert and thus not always equipped to exploit them according to the standards established by the historical profession. On the other hand, this open availability of sources allows for the possibility of quasi-immediate verification of the sources used by historians.

The relative openness of the web and its standards of evaluation based on popularity challenge the way historians assess the quality of a publication. Nowadays, most scholarly publications are available online, although possibly with restricted access. However, often their format has not changed since the advent of Jstor or other platforms that make them available to a broad audience. They are clearly written by expert historians for other historians who are disciplined enough to read 30-40 pages long articles on sometimes very specialized subjects desirably lit with an original perspective. On the other hand, history blogs, written by professional historians or amateur historians try to devise the proper length, the proper style adapted to web readers, who read in a completely different way.

The immediacy of the new media offers a unique opportunity for the historian to connect with a broader audience. This can radically question the writing style of historians, what they assume as the minimal historical background required to read a scholarly publication, etc. What does hyperlink change to the way references are mentioned? Is the immediacy of the audience’s reaction a threat to the ‘authorized’ voice of the expert? Why should historians write blogs like anyone else, to the risk of seeing their work assessed on the basis of a number of clicks, like anybody else’s written whims? To prove the reality of their claim to a different history, digital historians have started to build new objects of scholarship. Without pretending to exhaust the number of possibilities, I identify two main realizations by historians of the digital age: integrated archives that focus on a historical theme and publications that make use of the broad possibilities of the digital age.

The experts on the subject of digital history would all mention the Valley of the Shadow project, a digital archive focused on the experience of the American Civil War in two American counties located in the same valley but opposed by slavery and the war. This archive is a remarkable example of a successful digital history: it is a repository of materials (mainly texts and images, but also audio files) related to the experience of the war in a very broad sense. The project was conceived in the 1990s by Edward Ayers. Though it is a project undertaken by historians, it contains very limited amounts of interpretative material. The user of the website is invited to see for himself and use freely the large amount of documents available. One of the striking features of this website is the dynamics it created: the website is used by professional historians, amateur historians, teachers, genealogists, etc, yet some users actively intervened to enrich the archive by sending family letters and photos.

Many other existing projects follow a similar logic. Virtual Shanghai is one of them. Historians seem to have found a way to invite everyone to visit their laboratory, and allow free access to impressively large amount of material while keeping up with the standards of scholarship in their field. Obviously all these realizations require funding to digitize materials, create infrastructures to host them, and pay for the expertise of programmers, research assistants and graphic designers. Can historians be the sole creators of such archives? It also blurs the distinction between librarians/archivists and historians. All these actors need to speak the same language in order to cooperate better. They also need to keep up with the pace of technological innovation and understand the public’s needs and expectations.

A second object that is complementary to a digital archive is a digitally rich scholarly publication. A number of articles published by the American Historical Association are of a new kind: they bring together different layers of analysis and try to adapt to the browsing habits of web users. Interactive maps and chronologies, separate sections on historiography, events, view points, all these levels of understanding of a problem that are traditionally organized by the literary craft of a writer are organized in a way that tries to be radically new (one example is Thomas and Ayers, 2003 "The Difference Slavery Made"). This kind of publications poses a whole array of new problems: what does it mean to close an argument if the reader can instantaneously react (which is actually not possible with the AHR format, but it could be)? How does one archive a digital object? The complexity, the “richness” of this kind of digital publication forbids its simple printing and storing.

Digital historians do history in a different way, but is it a better way? Is there not a risk to waste precious time and energy discussing technicalities and making available a huge amount of historical data instead of using it to further our understanding of history? What does authorship mean in this new collaborative environment? How can we do history when we share a common public space with different actors whose motives are sometimes opposed to those of historians (associations of survivors, militants, governments, etc.)? Does audience matter that much when historians are evaluated on the basis of the quality of their peer-reviewed works?

Digital history is there. In many ways, it benefits every single historian by exploring ways to use new technologies profitably. It also alerts us to the opportunities and perils of a digital age that has not yet found a proper way to store its constantly-generated new materials (how a future historian will be able to access the private emails of recent statesmen?). Digital history is of course the history of the digital age, but can it reasonably claim digital imperium on the entire history?